Rénover le parc immobilier belge est un sacré défi. A Bruxelles, plus d’un tiers des logements appartiennent à la classe énergétique G. En Wallonie, près de la moitié affichent un label F ou G. Le chantier est donc considérable dans les deux régions. Dans les faits, les choses bougent trop lentement. Du côté de l’occupant, la rénovation semble être un souhait mais qui peine à se concrétiser.
Les principaux freins
En mai 2014, une association française appelée « La Fabrique Ecologique » publiait un rapport sur le défi de la rénovation énergétique des logements En France comme en Belgique, les objectifs en matière de réduction de GES sont importants mais le passage à l’acte reste marginal. Ce groupe de travail s’est donc penché sur les freins rencontrés par les acteurs de ces projets de rénovation et sur la manière d’amplifier ce passage à l’acte :
- La profusion et l’incohérence des informations disponibles ;
- Un déficit de confiance envers les professionnels ;
- L’absence d’envie de rénovation énergétique.
Le point de vue de Steven Fawkes sur l’absence d’envie
« Pour que l’efficacité énergétique dans le logement change d’échelle, il va falloir qu’elle relève le défi de devenir cool. L’évidence dont personne ne parle, c’est que l’efficacité énergétique, c’est ennuyeux. Demandons-nous juste ce qui est le plus séduisant : économiser un peu sur son compte en banque ou dépenser de l’argent pour quelque chose qui fait envie. L’efficacité énergétique est vue comme une de ces choses qu’il faut faire mais qu’on ne fait jamais, comme manger plus sain ou faire plus de sport. De plus, si l’énergie est pour beaucoup un concept abstrait, l’efficacité énergétique l’est encore plus. »
Source : https://www.onlyelevenpercent.com/
Comment favoriser la rénovation énergétique ?
Du côté des moteurs, ni la conscience écologique, ni la promesse d’un retour sur investissement ne sont déterminantes dans le passage à l’acte. Mais les considérations esthétiques, le bien-être, le confort, le gain de valeur patrimoniale et la baisse de mensualités entrent davantage en ligne de compte pour la plupart des ménages. En clôture de ce rapport, le groupe de travail met en avant 3 propositions qui visent à débloquer la situation, promouvoir et accompagner la rénovation énergétique :
- Premièrement, il est nécessaire de développer une logique de marque pour vendre la rénovation énergétique différemment. Marquage, label, slogans sont autant de moyens pour susciter l’intérêt des particuliers et créer une mouvance collective, identifier les acteurs privés formés, impliqués et en qui le candidat rénovateur peut avoir confiance mais aussi créer un cadre de soutiens financiers directement liés à l’efficacité des mesures mises en œuvre ;
- La deuxième proposition met en avant la nécessité de développer un carnet de santé du bâtiment qui, à l’image du document de passage au contrôle technique pour les véhicules, témoigne du respect des réglementations énergétiques en vigueur pour les logements. Ce document permettrait de lever le voile sur le flou que représente l’efficacité énergétique chez la plupart des habitants. Il serait délivré à chaque mutation immobilière et à l’issue d’un audit énergétique qui, généralement, représente un levier utile pour le passage à l’acte. Pour qu’il soit vu comme un geste fort et qu’il soit valorisé à sa juste valeur, la constitution de ce carnet de santé devrait être gratuite afin que l’impact financier de cette première étape ne soit pas perçu comme un frein à l’envie de rénover ;
- Troisième proposition du groupe de travail : donner des signaux économiques et règlementaires forts annoncés longtemps à l’avance. À titre d’exemple, il est proposé que des réserves financières soient constituées à destination de travaux énergétiques, alimentées par les propriétaires lors de chaque transaction immobilière. La somme consignée serait fonction de l’investissement nécessaire pour permettre au logement de franchir une ou plusieurs classes énergétiques ; elle augmenterait avec le temps. Lors des consultations pour la mise en place de la stratégie rénovation auxquelles pmp avaient assistées en Wallonie et à Bruxelles, des propositions similaires avaient été émises, notamment à travers la possibilité d’adjoindre au prix de vente du bâtiment, le prix de l’ensemble des travaux de rénovation énergétique nécessaire pour respecter les ambitions de la stratégie. D’une manière ou d’une autre, l’idée est donc d’agir sur le montant de la transaction immobilière afin que celui-ci reflète l’état énergétique du logement. C’est également un très bon signal pour les candidats acheteurs qui pourraient se retrouver prisonniers d’un bien très énergivore qu’ils ne parviendraient pas à assumer.
La Wallonie sur le bon chemin – 3 outils qui ont toute leur importance :
- Le Quickscan permet au candidat bâtisseur de se faire une première idée sur les travaux énergétiques à réaliser pour son bien ;
- La Feuille de route qui permettra de tracer et de phaser la trajectoire qui mènera le bâtiment au label A moyen visé par la réglementation (à noter que cette feuille de route fait déjà partie de l’audit volontaire);
- Le Passeport du bâtiment qui rassemblera l’ensemble des données administratives et techniques et sera amené à suivre le bâtiment à travers ses éventuels changements de propriétaire!