Parmi les grands acteurs de l’économie circulaire, on notera le travail d’Ellen MacArthur (navigatrice britannique) depuis la création de sa fondation en 2010. Convaincue de la nécessité de construire au plus tôt un avenir durable, la fondation Ellen MacArthur œuvre à sensibiliser et incite des acteurs tels que des entreprises, des universités, et plus largement des politiques, à développer des solutions à large échelle intégrant les principes de l’économie circulaire.
Le modèle de développement linéaire actuel « Extraire, Fabriquer, Jeter » repose sur la consommation de matériaux et d’énergie peu chers et accessibles mais il atteint aujourd’hui ses limites. Une économie circulaire est par nature restaurative et régénérative et tend à préserver la valeur et la qualité intrinsèque des produits, des composants et des matériaux à chaque étape de leur utilisation.
EllenMacArthurFundation
Exit le modèle linéaire « cradle to grave » (du « berceau à la tombe », terme employé dans les analyses de cycle de vie) dans lequel un matériau est conçu pour un usage unique puis est incinéré ou enfoui. Dans le principe de l’économie circulaire, on cherche plutôt à pratiquer le « cradle to cradle » (du « berceau au berceau »). Cela signifie qu’une matière première prélevée à la planète sera revalorisée au maximum voire à l’infini, en évitant autant que possible d’atteindre le stade de déchets. On entre ainsi dans une économie en boucle, l’origine même du concept de l’économie circulaire, où des notions telles que le réemploi, la réparation, le recyclage ou encore la remise à neuf forment le cœur d’un système écologiquement vertueux et en totale opposition à un modèle de gaspillage et de destruction de ressources naturelles limitées.
L’économie circulaire est présente depuis de nombreuses années sans réellement être formellement identifiée. Dans sa section Circul’hier, le site Circubuild.be présente des bâtiments, dont certains du 16ème siècle, qui mettent en œuvre des principes de l’économie circulaire.
Les charpentes de Philibert de l’Orme, les voûtes catalanes, des conceptions médiévales hyper-flexibles en France,… L’Histoire nous
transmet déjà des enseignements relatifs à la construction circulaire ; modularité, flexibilité, standardisation, réversibilité, interchangeabilité, dématérialisation, etc. Et un maître mot, unificateur de l’ensemble de ces pratiques : créativité !
Plus récemment, chez nous, l’économie circulaire s’est aussi fait remarquer dans d’autres secteurs. Un exemple parlant est l’apparition des « Repair Café », endroits où des bricoleurs talentueux mettent gratuitement leur savoir-faire au service de citoyens désireux de réparer leur électroménager, outils divers, instruments, jouets ou encore leurs vêtements. A chaque fois qu’un bien prend la direction de la réparation, du réemploi, voire même du partage, l’économie circulaire est en marche.
Cette économie de boucle est régie par un ensemble d’actions, chacune visant à redonner au produit une vie supplémentaire. Ces actions sont en partie définies dans l’échelle de Lansink, une forme de hiérarchisation des modes de gestion des déchets. Elle est intégrée à la directive européenne « Waste Framework Directive » publiée en 2008 pour encadrer la gestion des déchets.
L’agence néerlandaise pour l’étude du climat (PBL) a élaboré une méthodologie dérivée de l’échelle de Lansink mais plus détaillée et qui permet à l’usager de bénéficier d’actions clés concrètes pour mettre en place la circularité. Ces actions sont connues sous le nom des 9 R :
R0 | REFUSER
Réfléchir à ses besoins et à l’utilité des produits
R1 | RÉDUIRE
Réfléchir à l’intensification de l’utilisation des produits (par exemple par le partage ou la multifonctionnalité des produits, ou la mise en œuvre de nouveaux modèles économiques).
R2 | RÉDUIRE
Utiliser et/ou fabriquer des produits en utilisant moins de ressources et de matériaux naturels.
R3 | RÉUTILISER
Réutiliser un produit mis au rebut mais encore utilisable par un utilisateur différent.
R4 | RÉPARER
Réparer et entretenir des produits abîmés ou en mauvais état de fonctionnement.
R5 | RECONDITIONNER
Remettre à neuf et/ou moderniser un produit ancien, afin qu’il soit utilisé dans sa fonction d’origine. La remise à neuf est souvent de nature esthétique et aboutit à un produit qui, bien qu’en bon état, peut ne pas être comparable à des produits neufs ou remanufacturés.
R6 | REMANUFACTURER/REFABRIQUER/ RÉUSINER
Récupérer des composants dans un produit à fonction similaire mais avec les qualités et les spécifications d’un « nouveau produit ».
R7 | REPURPOSE (RÉUTILISER LES MATÉRIAUX)
Utiliser un produit ou un matériau pour une fonction différente de celle pour laquelle il a été produit à l’origine.
R8 | RECYCLER
Collecter, trier et traiter des matériaux éliminés en vue de leur utilisation dans d’autres processus de fabrication.
R9 | RÉCUPÉRATION
Incinérer des matériaux pour récupérer l’énergie dégagée par leur combustion.
Si l’économie circulaire se veut être la base d’une société écologique d’avenir, elle doit s’installer dans de nombreux secteurs et être adoptée par une vaste majorité de profils et métiers. À ce niveau, le secteur de la construction a un rôle majeur à jouer. Actuellement, dans l’Europe du Nord-Ouest, seul 1 % des matériaux de construction est réutilisé après leur première utilisation. La majeure partie étant recyclée via des processus de broyage ou de fonte ou purement évacuée, à destination de filières d’incinération ou d’enfouissement. Des efforts considérables sont donc à réaliser pour permettre au secteur de la construction de diminuer ses impacts environnementaux.