A la suite de sa campagne de communication autour de la thématique Q-ZEN, la Région wallonne a mis en avant une trentaine de projets sur base de ces nouveaux critères. Nous nous sommes penchés sur les données techniques de ceux-ci. Parmi eux, peut-on trouver des projets qui affichent une réelle volonté de sobriété énergétique ? Le bilan est mitigé
Commençons par apprécier la cohérence de cette nouvelle réglementation Q-ZEN avec la stratégie rénovation, laquelle fixe l’ambition énergétique des bâtiments existants à un label A en moyenne sur le parc immobilier wallon à l’horizon 2050. Avec le Q-ZEN, tout nouveau bâtiment doit en effet et dès à présent obtenir un label PEB A.
On ne peut qu’encourager la volonté de la Région wallonne de réduire la part de la consommation énergétique des bâtiments dans la grande manne des émissions de gaz à effet de serre. Toutefois, on aurait souhaité que les exigences Q-ZEN revêtent des ambitions plus grandes à l’heure où les défis en matière d’énergie sont parmi les plus exigeants.
Les vrais critères de sobriété énergétique
En étudiant ces 31 projets de près, nous avons considéré qu’un bâtiment de ce type devait respecter au minimum TOUS les critères de sobriété énergétiques suivants :
- Un niveau K inférieur à 20
Pour rappel, un maximum de 35 est autorisé pour le Q-ZEN. 8 projets sur les 31 répondent à ce critère avec une moyenne de 17,3 et un minimum de 12. Les projets restants présentent un niveau K de 27,4 en moyenne, 6 d’entre eux étant supérieurs à 30 avec un maximum de 35. Rappelons cependant qu’un bâtiment passif ne se définit pas par un niveau K de 15. - Des valeurs U de parois opaques inférieures ou égales à 0,15 W/(m².K)
La démarche Q-ZEN, il faut le reconnaitre, semble pousser les concepteurs à opter pour des performances d’enveloppe plus importantes. En témoignent les valeurs U des toits, murs et sols qui présentent respectivement des valeurs moyennes de 0,138 W/(m².K), 0,149 W/(m².K) et 0,156 W/(m².K), soit des valeurs relativement proches des recommandations du passif. - Des châssis triple vitrage
Côté menuiseries extérieures, on notera la présence de triple vitrage dans 55 % des projets, le double vitrage restant présent en tout ou en partie dans les 45 % restants. - Une ventilation double flux avec récupération de chaleur
La ventilation n’est pas en reste puisque 87 % des projets ont opté pour un système D avec récupération de chaleur ; une technologie également utilisée dans le passif. - A défaut de meilleur indicateur, une étanchéité à l’air inférieure à 1 m³/h.m²
L’échantillon des 31 projets affiche des performances qui varient entre 0,38 m³/h.m² et 12 m³/h.m² (la valeur par défaut), 29 % des projets n’ont en effet même pas fait l’objet d’un test d’étanchéité à l’air. La moyenne se situe à 1,28 m³/h.m² et ne tient pas compte des valeurs par défaut renseignées ci-dessus. La comparaison avec la conception sobre du passif est ici plus difficilement réalisable (l’unité étant différente) mais pour se donner une idée, pour un des projets Q-ZEN présenté, le v50 (PEB) est de 0,67 m³/h.m² alors que le n50 (PHPP) est de 0,55 vol/h.
Finalement, le nombre total de projets respectant l’ensemble de ces critères s’élève à 7 sur 31 !
Pourquoi ? En laissant un critère K à 35, la réglementation actuelle induit :
- la possibilité de limiter les efforts au niveau de l’enveloppe (travaux sur lesquels on revient rarement sur la durée de vie du bâtiment)
- la possibilité de combler le manque d’investissement dans cette isolation par de la production renouvelable.
Les manquements concernant la sobriété énergétique risquent ainsi d’entrainer un peu trop fréquemment des scénarii de passoires énergétiques couvertes de renouvelable. Et c’est exactement ce contre quoi Objectif Zéro se bat !
Une des solutions ? Réduire ses besoins en énergie…