Le 17 novembre dernier, Objectif Zéro organisait un événement centré sur la circularité et le réemploi dans le secteur de la construction. Ce fut l’occasion pour nous de faire le point sur les avancées du secteur, sur l’évolution de la réglementation et sur l’exécution concrète et ce, grâce aux interventions de nos différents invités. Nous vous proposons de revenir sur celles-ci au travers d’articles dédiés qui paraîtront dans les semaines à venir. On commence avec Retrival qui nous a amicalement accueillis dans ses locaux.
Quel meilleur endroit que les hangars de la société coopérative à finalité sociale Retrival à Couillet pour organiser un événement centré sur la circularité et le réemploi ? Outre la mise à disposition des lieux, Retrival faisait également partie des intervenants de cette soirée afin de se présenter à ceux qui ne la connaissaient pas encore.
Active depuis près de 25 ans et comptant une trentaine de travailleurs, on retrouve parmi ses activités du tri et du recyclage de déchets, du défrichage mais également un service de déconstruction sélective de bâtiments avec revente et réemploi des matériaux collectés (voir le Cornermat).
Le tout en formant et engageant des personnes inscrites dans un parcours de réinsertion socio-professionnel. Une formule qui répond assurément aux défis socio-environnementaux actuels et qui tient à cœur des deux co-gérants.
Être chaleureusement invité par Damien Verraver et Thibaut Jacquet était aussi l’occasion de bénéficier d’une visite guidée de leurs bureaux. Et il y a de quoi être fier, au total, 80% de réemploi dans les parachèvements, par exemple : portes recyclées en bureaux, douche 100 % récupérées au look unique, déchets plastiques mis en œuvre dans une paroi vitrée en guise de « brise vue », jusqu’aux coffres de banques réutilisés en séparation d’espace et éléments de communication (un coffre peut en effet s’ouvrir vers la pièce adjacente, en guise de guichet d’accueil, ou encore de bac de transfert pour papiers ou objets). Il y a de l’idée chez Retrival mais aussi une volonté d’interpeller dès l’entrée dans leurs bâtiments !
Et c’est là que réside tout l’intérêt de cette démarche. Car quand on parle de réemploi, on s’attend à voir des choses usées, utilisées ou encore des espaces qui ont vécu malgré leur état neuf.
Ici, rien de tout ça. On croirait davantage être en présence d’un concepteur un peu fou qui a voulu se démarquer dans la composition des espaces, des matériaux et du mobilier. Finalement, le réemploi permet beaucoup d’originalité…et peut-être même plus qu’avec des objets neufs très standardisés. « Old is the new new » ?
Outre des coups d’œil sur des démarches originales et innovantes, cette visite a également permis de discuter de certains freins rencontrés avec les acteurs de cette construction d’avenir. En effet, le réemploi est encore loin d’être un réflexe pour certains professionnels.
Une situation similaire à l’isolation ou l’étanchéité à l’air des bâtiments il y’a quelques années, finalement. Certains corps de métier refusent donc de jouer le jeu par crainte de problèmes relatifs à la garantie ou à l’efficacité d’un élément, ou encore parce que le maître d’ouvrage fournit un matériel récupéré sur un autre chantier, matériel sur lequel le professionnel applique généralement une marge, s’il était neuf…
Force est de constater que le réemploi dans la construction joue un peu avec les limites des cadres normatifs, réglementaires ou de contrôles. Gageons que le secteur et ses décideurs pourront s’adapter à ces nouveaux défis en adoptant une forme de sobriété tant sur le terrain que dans les sphères décisionnelles.
On remercie en tout cas Retrival d’avoir pu accueillir et encourager de nombreuses réflexions sur l’avenir de la construction circulaire en Belgique !
Leur site internet : https://retrival.be/